Personnalités disparues

 Noël Vergez décédé le  samedi 20 avril 2024 à Bourréac

C’est en tant que premier voisin, mais surtout au nom de toute la communauté de ce village que je délivre ces quelques mots à la mémoire d’Étienne-Noël Vergez dit Noël.
Notre camaraderie a commencé avec notre enfance sur les bancs de l’école de Bourréac, dans les sentiers des landes où nous gardions nos vaches, et sous les cerisiers de Cyprien où, la saison venue, nous nous retrouvions avec ses sœurs Fernande et Jeannette sous le regard affectueux de Madeleine et Désiré, leurs parents. Noël est né en décembre 1939, à la maison Cyprien. En 1963 il épousa Colette Tapie de la maison Torte et ils eurent deux enfants, Marie-Pierre et Patrick, qui leur donnèrent, chacun, deux petits-enfants. Pour compléter les revenus de sa petite exploitation familiale, Noêl s’employa dans la scierie Labourie à Lourdes où sa compétence et son dévouement furent appréciés et forgèrent une amitié partagée.
J’évoquerais surtout sa personnalité faite de calme, d’opiniâtreté et d’endurance dans l’effort quotidien comme dans les difficultés. Son grand chagrin fut le décès prématuré de Colette en 1998. Je me souviens de sa réponse laconique lorsque je lui demandai comment il faisait face pour le travail, « deux personnes qui s’entendent bien, font le travail de trois ». 

Noël avait en lui la quiétude et l’acceptation tranquille des choses de la vie. Producteur reconnu de veaux sous la mère, son goût de l’élevage était aussi celui de la nature vivante. C’est lui qui m’entraîna un jour, avec mon épouse et Georges Poueyto, sur les pentes d’Estaubé pour une journée inoubliable où l’éleveur taiseux se révéla en naturaliste, et j’oserai dire presqu’en poète. Cette sensibilité, je l’ai retrouvée aussi dans le goût partagé pour la poésie de Nadaü lors d’une grande soirée à Bagnères.
Sa personnalité attachante enthousiasma une amie photographe et globetrotter, Anne Chiomento, parce qu’elle s’inscrivait dans un idéal de la photographie dite humaniste. Revenant des années durant à Bourréac, Anne fixa le souvenir de Noël dans des photos très évocatrices, en montagne ou dans la grange de Loustaü, avec son petit-fils Pierre-Henri. Entouré des siens et de ses amis, Noël eut la force de voir l’exposition magnifique qui lui fut consacrée, à Lézignan, 15 jours avant son décès, à l’initiative d’Anne et de l’Assos. Ces photos nous aideront à fixer le souvenir que nous garderons de lui.

                                                                                     Roland Darré

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Charles Lacrampe, maire de Bourréac, décédé le 1er novembre 2022

Madame la Sous-Préfète
Mesdames les Sénatrices
Mesdames et Messieurs les élu(e)s

Chers concitoyens,


C’est en tant que qu’ami et collaborateur de Charles Lacrampe, et en tant que doyen du Conseil Municipal de Bourréac, que je suis amené à témoigner la très grande amitié, l’affection, que nous tous, à Bourréac, avions pour Charles, et notre reconnaissance pour tout ce qu’il a réalisé en tant que maire de cette commune.
Enfant de la maison Arcos, Charles était, fondamentalement, un enfant du pays, du Pays de Lourdes. Né le 4 octobre 1956 à Lourdes, il fit sa scolarité à l’école communale de Lézignan puis fut orienté vers l’ancien lycée privé de Saint-Pé connu sous le nom de Petit Séminaire, avant de faire sa terminale au Lycée Peyramale de Lourdes.
Le bac en poche, il entra dans la vie active en tant que livreur-déménageur chez Manuguet pendant 6 mois puis fit son service national où il se révéla en tant qu’instructeur de tir. Ses supérieurs voulurent l’orienter vers le parachutisme, contrainte dont il parvint à se dégager. Elle ne devait pas convenir à son indépendance d’esprit très affirmée.
Au retour, il s’engagea dans des études universitaires à l’Université de Pau où il suivit le cycle DEUG, Licence, Maîtrise, jusqu’à obtenir une maîtrise de sciences économiques et de gestion.
A l’issue de sa formation universitaire il entra au Crédit Agricole, d’abord en tant que conseiller commercial, puis en tant que responsable d’agence, successivement à Vic en Bigorre, Argelès dans les Hautes-Pyrénées, puis Arzacq et Morlaas dans les Pyrénées Atlantiques avant de rejoindre le conseil de direction du siège de Tarbes.
Ses engagements au service de la communauté de travail du Crédit Agricole le firent choisir à la direction du Comité d’Entreprise, fonction dans laquelle il se plut et se réalisa pleinement si j’en juge par les détails de l’expérience professionnelle qu’il me livrait lors de nos échanges.
Tout l’orientait donc naturellement vers des responsabilités dans la vie communale de son village. En même temps, sur le plan familial, il m’a été donné d’apprécier la joie qui irradiait de son visage lorsqu’il évoquait les randonnées en montagne avec ses fils et ses joies de grand-père.
Avant de passer en revue le détail de ses réalisations, il me paraît nécessaire de mentionner les qualités qui les ont rendues possibles.
- un attachement très fort, à son terroir, à son village
- des qualités humaines : une ouverture d’esprit, l’ouverture aux autres, l’écoute
- la vision, l’anticipation, le discernement des objectifs en phase avec l’évolution de la société et de la vie collective
- un sens diplomatique certain
- la détermination, la volonté, la ténacité dans l’action.
Excusez du peu, je pourrais en citer d’autres dont son expertise dans la lecture des documents comptables qui lui permettaient de voir d’emblée la faisabilité des choses tout en ayant une maîtrise financière.

En 1977, les Bourréacais m’avaient appelé à la mairie de Bourréac. Mes activités avaient surtout concerné le développement primaire rural : partage et défrichage de landes communales, voierie, syndicats d’AEP et de transport scolaire. Ma vie professionnelle toulousaine ne me permettait pas de m’impliquer durablement et c’est tout naturellement, en 1983, que Charles entra au Conseil Municipal en tant qu’adjoint et participa pleinement à la poursuite des travaux engagés.


Devenu maire en 1989 il le restera jusqu’en 2008, date à laquelle il insista pour que je redevienne maire puisque ma retraite professionnelle avait sonné. Il ne me laissa pas vraiment le choix, mais je n’aurais pas accepté sans le concours assidu de sa présence. En 2020, il redevint le maire de plein exercice.
Tout au long de ce cycle, il réalisa personnellement la transformation de notre village, ce que l’on peut résumer dans le triptyque « Agriculture - Environnement - Cadre de vie ». Bourréac attira de nouveaux résidents auxquels Charles réserva le meilleur accueil possible.
Je mentionnerai les importants travaux de voirie, notamment la rénovation de la traversée du village, les talus fleuris, l’enfouissement des lignes électriques, la création de la place communale, un exploit dans un village particulièrement contraint dans ses possibilités d’extension, la réfection de la mairie, les importants travaux de l’église et du cimetière.
Pour faire tout cela, il y a une condition indispensable : prendre plaisir à ce que l’on fait.  Charles aimait les gens qui le lui rendaient bien. Charles aimait aussi les fleurs. Il tenait cela de son père, René, qui l’avait précédé dans l’abondant fleurissement d’Arcos avant de déborder largement sur le reste du village. Son travail d’embellissement public fut remarqué par les instances départementales, notamment par Éric Pragnère qui l’encouragea à postuler pour le concours départemental des villages fleuris. Notre village a été primé depuis plus de 20 ans et a conquis sa première fleur en 2014. Pour l’aider en cela, son savoir- faire, ses qualités humaines, lui assurèrent d’abord le concours de la Brigade Verte puis de la mairie de Lézignan grâce à la participation de Sven, l’agent communal, ainsi que l’aide citoyenne de tous ceux qui l’ont assisté dans cette tâche.
Permettez- moi de revenir sur un détail de son caractère. Je ne crois jamais l’avoir vu avec l’humeur sombre ou alors il le cachait bien. Son optimisme foncier m’a toujours impressionné :
         « Ça va aller, on va y arriver ! »
C’étaient les mots entrainants qui revenaient invariablement au terme d’une discussion, spontanément, presque malgré lui. Il avait typiquement cet optimisme de la volonté que l’on oppose parfois au pessimisme de la raison.
Je terminerai sur cette anecdote qui illustre ce tempérament.
Nous avions tous les deux œuvré pour sauver une grange foraine, pour son intérêt patrimonial, dans ce département où les granges foraines ont vraiment une valeur emblématique.
Elle était dans un état de délabrement avancé jusqu’à ce qu’en février 2016 une chute de neige l’acheva. Elle était complètement  « espatarrée » si je puis dire !
Mon pessimisme de raison la destinait au bulldozer malgré mon attachement sentimental familial. Pour Charles ce fut : « mais non, ça va aller, on va y arriver, tu verras, les gens apprécieront ». Grâce aux aides départementales et au travail des équipes de Jean-Claude Capéret et d’Éric Abadie, elle a été relevée. Aujourd’hui, elle fait belle figure dans le paysage agropastoral des anciennes landes de Bourréac et de Julos.
Aujourd’hui, ici comme ailleurs, au local comme au national, face aux difficultés et aux périls, nous retiendrons de la vie de Charles que c’est l’action qui importe et que pour cela l’optimisme volontaire est essentiel.
  Adiu Charles, ça va aller, on va y arriver !
 
                                                                            Roland Darré

Paul Noguez, décédé le 13 juin 2020

Paul nous a quittés,  samedi 13 juin, entouré des siens, en son domicile, à Bourréac. Cela faisait quelque temps que sa silhouette familière et discrète ne se montrait plus derrière le grillage de la cour de Lahaille, au centre du village. Paul était né le 16 octobre 1932 à Bourréac. Le dénuement de sa famille d'origine, après la mort de son père, en avait fait "un enfant de la DDASS" comme certains de ses frères et soeurs, puis, après son service militaire en Algérie, un travailleur agricole dans une exploitation de Sombrun, près de Maubourguet. Il revint à Bourréac dans les années 1950, pour s'y installer comme métayer, associé à son frère Laurent, et faire revivre Lahaille après la disparition de leur vieille maison natale. Tous deux rejoignirent ensuite la société Colas qui les employa jusqu'à leur retraite. Il en fut un collaborateur très apprécié. Le village de Bourréac adresse sa sympathie attristée à son frère Jean et à sa famille d'adoption rassemblée autour de Monique et de Fabrice. les obsèques ont eu lieu mardi 16 juin, en l'église de Bourréac.

Éloges de Madeleine lacrampe  prononcés en l'église de Bourréac le jeudi 12 avril 2018 

Éloge prononcé par Clément Malou
Madeleine,
Notre cher petit village que tu aimes tant perd encore une de ses figures emblématiques...
Mais dans cette perte, nous trouvons aussi les merveilleux cadeaux que tu nous as laissés.
Il est dit que l'on reconnaît l'arbre à ses fruits. Il suffit de contempler la magnifique famille que tu as bâtie avec René pour comprendre ces mots et apprécier le bijou que tu es.
Nous ne sommes pas là pour te dire au revoir mais à bientôt et merci !
Romain

Éloge prononcé par Roland Darré
Chers Amis,
Au nom de notre communauté, je veux témoigner à René, à Régine, Charles et Marie-Noëlle, à leurs enfants et petits-enfants, ainsi qu'à Yvonne et à Henri, à toute la grande famille Lacrampe et Abadie, combien nous avons été choqués et affectés par la disparition de Madeleine.
Nous ne reverrons plus sa présence familière en ço d'Arcos où j'avais tant de plaisir à la retrouver avec René, au coin du feu, et à participer à des discussions que René savait si bien animer dans un jeu de rôles convenu.
Toujours souriante, positive, à la fois calme et déterminée, Madeleine personnifiait pour moi ce modèle de femme paysanne pyrénéenne que j'ai toujours admiré parce qu'il est l'incarnation d'un mode de société que je crois encore indispensable à la nôtre aujourd'hui.
Dépositaires, plus que propriétaires, d'une maïsou, ces daounes, comme on les appelait autrefois, ont une mission : la transmettre, assurer la continuité. « Je maintiendrai » semble être leur devise informulée. Grâce à elles, la maïsou est le foyer où se retrouve la famille dispersée, quels que soient les aléas de la vie. Pour moi, Arcos, avec Madeleine et René, c'était cela.
Nous savons que cela le demeurera, et ton souvenir, Madeleine, lui demeurera toujours attaché.
Adieu Madeleine.
Roland

Éloge prononcé par Clément Moura
Madeleine est née le 31 mars 1931 à Bourréac. Elle a perdu sa maman a 2 ans. De l'âge de 6 ans à 10 ans elle est partie vivre à Soulom chez sa tante et son oncle avec sa soeur Yvonne. Son pére, Jean-Marie, et son frère, Henri, restèrent à la ferme. Quatre ans plus tard, elle se faisait une joie de retrouver sa grand mère de Bourréac. Hélas, celle ci mourut quelques jours avant son retour. Avec sa soeur Yvonne et son frère Henri, elle a participé aux travaux de la ferme durant toute sa jeunesse. Mariée le 5 janvier 1955 avec René, elle a eu 3 enfants, Régine, Charles et Marie-Noëlle, puis 6 petits enfants et 7 arrière petits enfants. Une vie pleine d'amour pour sa famille qu'elle a comblée de bonheur jusqu'à son dernier souffle. Toujours un sourire, un bisou ! Elle était un modèle de vertu, la bienveillance incarnée ! Elle nous disait souvent des citations pour nous rendre meilleurs, comme celle-ci qui m'a le plus marqué : "Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse". J'espère qu'on a su te montrer tout l'amour qu'on a pour toi. Même si, sur la fin comme au début, il y a eu des moments difficiles, il y a une chose que je sais, c'est que tu as gagné ta place au Paradis. Tu seras toujours dans nos coeurs, je t'aime et nous t'aimons tous... Clément

Éloge de Joseph Sanguinet Arboucau prononcé en l'église de Bourréac le lundi 06 novembre 2017

Samedi 4 novembre, « le jour où le grand chêne est tombé », cette image a surgi dans mon esprit comme dans celui de beaucoup, tant le choc fut immense, lorsque nous avons appris la mort de Joseph décédé dans la nuit.
Au cours des 58 ans de vie passés à Bourréac, la présence de Joseph s'y était imposée, il avait même contribué largement à forger une certaine représentation du village à l'extérieur. Cette identification était associée à un dynamisme entrepreneurial d'autant plus remarquable qu'il s'est exercé dans le hameau d'un modeste village du Pays de Lourdes.

Retracer la vie de Joseph Sanguinet, c'est d'abord évoquer certaines étapes clés de son existence. Seuls ses très proches en connaissent certains détails importants, ils m'étaient inconnus jusqu'à ce que Serge, son fils, me les communique pour que je puisse les partager avec vous, aujourd'hui, dans ces douloureuses circonstances. C'est ensuite essayer d'évoquer, autant qu'il me sera possible, sa personnalité dominante et chaleureuse, sa force de caractère, son optimisme conquérant et communicatif, son dynamisme, des traits de caractère que ceux qui l'ont côtoyé ont évidemment ressentis comme moi et qui font qu'il restera gravé dans notre souvenir.

Joseph est né le 15 mars 1933 à Rieulhès, hameau de Saint Pé de Bigorre, dans la maison Arboucau. Il avait deux sœurs dont une jumelle, Fernande, et une aînée, Marie-Thérèse, toutes deux décédées. Son père, Léopold, est décédé en 1961. Sa mère, Élisa, était la sœur de Jean-Marie Abadie qui est venu de Sère-Lanso à Bourréac, en la maison Arcos, avec lequel il avait bien des traits en commun qui font que le souvenir de Jean-Marie est aussi gravé dans nos mémoires.


Comme tous les enfants de paysan, il a pris sa part des travaux, assistant son père dont la santé déclinait. Âgé de 11 ans, il était avec lui, dans un pré, à faire les foins, lors de ce qu'on peut appeler l'épisode allemand de sa vie. Le 10 juin, 1944, la Résistance avait investi le secteur de Bagnères. En réaction, des troupes de la division Das Reich avaient semé le malheur dans Bagnères, Pouzac et Trèbons, y faisant plus de 60 morts dans la population civile, dont des femmes et des enfants. Ces troupes avaient poursuivi leurs exactions dans les bois de Lourdes et de Saint-Pé en incendiant les granges foraines. Joseph et son père, cernés par les troupes allemandes, assistèrent ainsi à l'incendie de leur grange dont les vaches et le matériel avaient été sortis. Pour l'anecdote, il s'est dit que ce matériel portait une marque de fabrication allemande. Peut-être aussi que la présence d'un jeune enfant a contribué à ce moment d'humanité relative. On mesure le choc que cette scène a pu occasionner sur un enfant de cet âge.

Mais le grand traumatisme de sa vie, nous le connaissons tous, c'est cet accident de chasse survenu le 16 novembre 1948, il avait 15 ans et demi. Il s'en est suivi des interventions chirurgicales en série, sept, dont certaines ont du être réalisées à vif, dans le contexte de la chirurgie faciale réparatrice de l'époque, à Bordeaux où il se rendait seul par le train. Il n'y avait alors pas de Mutualité sociale agricole, le coût pour la famille fut considérable, 300000 Francs de l'époque. Une indemnisation versée par l'État pour le dédommagement de la grange brûlée fut le seul secours dans cette circonstance. Le lourd handicap qui s'en est suivi n'a altéré en rien l'énergie créatrice de Joseph. Peut-être l'a-t-il accrue en le stimulant encore plus. La résilience, cette faculté psychologique à repartir de l'avant, à rebondir après la contrainte en la dépassant, avait vraiment chez lui tout son sens.

Dès l'âge de 14 ans, Yauset de Arboucau, avait acquis une motofaucheuse qu'il finançait avec la prestation de ses services, et, après, ce furent d'autres travaux d'entreprise, les battages et les coupes de bois qui l'ont amené très jeune à fournir du bois de chauffage qu'il livrait dans des charrettes tirées par des vaches avant que n'arrivent les tracteurs. Son expertise des chantiers difficiles est allée croissante et connue de très loin. Cette grande maîtrise n'empêcha pas qu'il fut victime d'un accident avec une double fracture de la jambe qui l'immobilisa un certain temps.
Il convient ici d'insister sur cette force tranquille qui l'a accompagné tout au long de sa vie, Fernande, alors seule avec ses vaches à traire, avec 4 enfants encore jeunes, et Joseph qui était partout, puis soudain immobilisé. Le concours de ses voisins, juste retour de l'aide généreuse qu'il dispensa à tous, fut une aide précieuse dans ces circonstances.


L'installation de Joseph à Bourréac après son mariage, le 31 janvier 1959, transforma de fond en comble, révolutionna, la vie de Récahorts ; un changement presque explosif pour l'antique maison de Cyprien que l'on vit s'élever, rehaussée d'un étage pour loger la famille.
Pour moi, Joseph Sanguinet à Bourréac, dans les années 60 et 70, ce sont les 30 Glorieuses agricoles et la mécanisation triomphante. Je me souviens qu'en 1977, lors du partage des landes communales, alors que je me demandais s'il serait possible d'aménager certaines pentes et de transformer en prairies des espaces aussi difficiles, il me répondit que je n'avais pas de souci à me faire. Partout, la fougère reculera, la ronce ne passera pas. C'est à tous ceux comme lui qui se sont livrés à ce même effort, et qui continuent de le faire, que nous devons ces paysages ouverts qui contrastent avec les espaces fermés, boisés ou embroussaillés, que l'on peut voir ailleurs, partout où la déprise agricole a eu le dessus.

Son énergie, Joseph la mettait au service de tous ceux qui avaient sa confiance et son estime ; « on pouvait compter sur lui », ce sont les mots qui reviennent chez tous ceux qui y ont eu recours. Cette assistance mutuelle, indispensable à la vie agricole, il la pratiquait avec les règles de la vie sociale de l'époque, cela supposait une forte implication de la cuisinière du lieu d'accueil car Joseph avait un appétit à la mesure de son énergie !
Les temps ont changé. Ou plutôt on prend moins le temps. La fonctionnalité a pris le dessus.
Le loisir avait aussi sa place dans sa vie et notamment cette passion pour la palombe que seuls des chasseurs, dont ceux auxquels il l'a transmise, peuvent comprendre, faisant mentir l'adage « cassaïre et pescadou, n'an yamais het maïsou ». Tout faux pour le cassaïre en la circonstance !

De ce parcours, nous retiendrons une leçon de vie :

l'esprit d'entreprendre qu'il a transmis à ses fils et que nous devons essayer d'avoir, à la mesure de nos moyens, il faut tenter et faire,
et cet optimisme de la volonté qui doit triompher du pessimisme en se déjouant des mauvaises raisons.

Pour tout cela, Joseph, nous te remercions, et ton souvenir restera gravé en nous.

Roland Darré, maire de Bourréac

Gertrude Pujo-Périssère

Nombreux étaient les bourréacais qui s'étaient rendus à Gèdre, mardi 5 octobre 2010, pour rendre un dernier hommage à Gertrude, née à Bourréac, En ço de Pouzadé, il y a 96 ans. Gertrude, soeur de Victor Azens père d'André, était une figure très attachante, vive et souriante, que les bourréacais avaient plaisir de retrouver à Gèdre où elle tenait l'hôtel-restaurant de la Brèche de Roland. On était heureux d'entendre sa voix enrouée évoquer ses souvenirs du Bourréac d'autrefois et de son pays d'adoption, le pays Toy. Pour nous, Gertrude, c'était la montagne. Cette voix si marquante, nous l'entendîmes dans la cour de Pouzadé un lundi après-midi, deux semaines auparavant. Elle nous signala sa présence. Ce fut une joie de la revoir et de pouvoir saisir ces dernières images-souvenirs dans sa maison natale.

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